Comte de Noirceuil

Propositions indécentes (Part-3)

Un récit du Mystère de la Plume

Propositions indécentes (Part-3)

Propositions indécentes (Part-3)​

Ce jeu, débuté depuis deux jours, a fait naître en moi une réaction très ambivalente : fureur et angoisse d’avoir été démasquée, inquiétude de mon devenir dans cette entreprise, mais, dans une certaine mesure, excitation de découvrir à chaque fois son message et ses demandes.

Il faut reconnaître que ce petit jeu est une forme de libération pour moi, dans une certaine mesure.

Mais j’ai ma réputation à conserver. Ainsi, je dois jouer au chat et à la souris, me conformer à ses demandes sans trop lui en montrer bien évidemment juste lui donner un os à ronger afin qu’il me laisse en paix.

Je ne dois pas rester non plus inactive, passive, subir ses exigences, mais plutôt essayer de le démasquer, car je ne sais pas jusqu’où ce jeu peut me mener.

Dans un soupir tendu, je pose mon doigt sur l’enveloppe, de nouveau hésitante.

Si je ne l’ouvrais pas ? Si j’attendais le délai et je lui disais que j’avais oublié ou égaré mon téléphone ?

Impossible pour moi de mentir. Je ne le fais jamais et j’en suis incapable. Je me rends compte en ce moment que je suis trop intègre pour présenter un autre visage que le mien.

Je l’ouvre et je lis le message suivant :

Alors ma petite menteuse. Tu as passé un bon week-end ? Tu as cru que je t’avais oubliée ? Désolé, mais non. Ce matin, tu ne mets pas de pantalon. Jupe ou robe, et sous-vêtements clairs. Ne discute pas, c’est moi qui dicte les règles !

Ce ton sans concession me fouette le sang.

Autoritaire comme j’apprécie, mais dans d’autres circonstances !

Je suis une femme totalement antithétique. Je vénère l’amour, la tendresse, la délicatesse, mais j’aspire aussi à l’autoritarisme, à la domination pour pouvoir m’abandonner, laisser le pouvoir à l’autre dans la relation intime… et ce ton correspond à cette facette de moi.

Néanmoins, sa demande va rester lettre morte pour une partie de sa commande. Une jupe ou une robe ne me pose pas de problème, car je peux aisément y répondre. Ma penderie en possède un vaste choix.

Des sous-vêtements clairs, exigence bien plus problématique, voire impossible à réaliser.

Les couleurs foncées sont les seules que je m’autorise comme dessous. Lorsque le chemisier est blanc, il me suffit de faire l’impasse sur le soutien-gorge ou body et je le porte à même la peau, savourant la caresse du coton, de la soie ou du satin.

Seul mon téton plus sombre se laisse deviner parfois sous les hauts diaphanes que je dissimule dessous une veste cintrée stricte.

Perdue dans mes pensées concernant sa commande, j’entends les six coups de mon horloge de parquet.

Il est plus que temps pour moi d’agir si je ne souhaite pas arriver en retard pour la présentation de mon projet.

L’enjeu est de taille et je ne veux pas le laisser filer.

La moitié des exigences de mon maître chanteur est déjà accomplie, car je porte déjà mon dessous, celui que j’ai choisi pour ma réunion.

Je n’en possède pas d’autres clairs donc il devra se contenter de ce dernier. Cela lui fera un peu les pieds !!!

Le calmera ou le mettra en colère, mais je veux jouer avec lui… le pousser un peu à se révéler…. Coquin, un sourire étire mes lèvres déjà maquillées par mon rouge préféré.

Une idée m’a traversé l’esprit et je m’empresse de la réaliser de peur que ma raison vienne frapper à la porte de ma conscience et retienne ma main.

Je désire le provoquer car je trouve que sa commande en est presque décevante de banalité.

Je saute sur mes pieds pour arpenter mon salon et gagner de nouveau ma chambre. Le tiroir supérieur de ma commande, béant, laisse s’échapper dentelles et tulles.

D’un coup de talon, je ferme ce dernier pour ouvrir le dernier. Un tintement s’en échappe et j’attrape l’objet que je cherche : un magnifique bijou féminin, sensuel et très érotique : une rose d’anus autrement nommé rosebud.

J’ai envie de le glisser entre mes fesses. Le diamant rose décorera mon anus et excitera toute la journée cette partie de mon anatomie. Il tranchera parfaitement avec mon string noir et la corde de ce dernier appuiera en permanence sur ce bijou pour mieux m’exciter.

Je décide donc de lui envoyer un cliché de face, mais aussi de dos, les mains écartant mes fesses pour lui laisser entrapercevoir ce petit cadeau mystérieux. Espérons que, pour une fois, la surprise sera de son côté.

Je frôle la raie des fesses avec son bout pointu légèrement oint de lubrifiant et le présente à mon entrée. Je frémis déjà de l’anticipation des sensations : forcer doucement, centimètre par centimètre l’entrée et savourer son glissement, sa pénétration à l’intérieur de moi. Sa fraîcheur se réchauffera au fil des heures et je sentirai son frottement contre mes parois intérieures à chacun de mes pas, me rappelant chaque seconde mon défi à mon maître-chanteur.

Pour déjà m’exciter, je serre mes fesses contre cet objet et des sensations multiples me transpercent, me laissant déjà pantelante. Finalement, ce jeu va se retourner contre moi, car je risque de n’écouter que mon corps et non les questions de mes chefs.

Fière de mon outrage à mon tortionnaire, j’envoie rapidement mes clichés de peur de revenir sur cette décision prise sur un coup de tête. Il ne me reste plus qu’à enfiler une robe, comme il me l’a commandée.

Ma penderie regorge de pantalons taille haute, de chemisiers très légers et caressants et bien évidemment de robes.

Ce dernier vêtement est l’un de mes préférés. Il ne me place donc pas dans une situation difficile par sa demande. La robe est un objet très féminin, bien plus que sa sœur, la jupe.

Avec une paire d’escarpins, elle dessine un magnifique galbe du mollet, met en évidence le bas de la cuisse et, pour ma part, toujours ma taille.

J’opte pour celle, légère, beige satinée avec des motifs noirs géométriques. Non pas pour son confort ou sa couleur, mais pour la caresse de sa texture sur mes fesses quasiment nues et mes tétons dressés.

Elle est très fine et je sens parfaitement chaque frôlement de tissus, chaque caresse sur mon buste que je peux moi-même pratiquer de mon pouce ou du plat de ma main, fortuitement à n’importe quel moment, geste perçu comme insignifiant, négligeant par les autres personnes, mais destiné pour moi à amplifier mon excitation.

Un très léger maquillage sur l’intégralité de mon visage se termine par la seule fantaisie que je m’accorde : la mise en évidence de mes lèvres par mon rouge à lèvre préféré.

Elles expriment souvent un franc sourire ou une petite moue dubitative. Armée de ce dernier atout, j’espère qu’elles sauront m’accorder les faveurs de ces hommes en costume.

Les coups de sonnerie de mon horloge me rappellent que je suis presque en retard. Je serai à l’heure si je n’avais pas été obligée de répondre à mon tortionnaire !!

Mais en même temps, quel plaisir de s’autoriser à porter ce petit bijou entre mes fesses, de penser à lui, finalement, à chaque pas et à chaque mouvement.

Quelle sera sa réaction en ouvrant mon message ? La surprise très certainement ? La colère ? J’en doute. L’excitation ?

J’espère…. Mais peut-être aurais-je réveillé, d’une certaine manière, le Cerbère qui dort en lui.

Va-t-il devenir plus exigeant ? Avec des demandes encore plus coquines, plus érotiques ?

Je le crains… Mais n’en ai-je pas justement envie. N’est-ce pas mon désir avec une telle provocation ? Je suis la victime avec cette épée Damoclès au-dessus de ma tête quant à la révélation de ma supercherie à mes supérieurs. Néanmoins, j’aspire à m’exhiber pour expérimenter sa réaction.

J’attends donc avec impatience le nouveau message. L’inquiétude a laissé place à l’envie, l’envie de m’exposer, l’envie de me faire désirer, l’envie de faire durcir son sexe aussi, face à mon corps exposé.

Ma voiture file dans la circulation matinale pendant que les informations de France Culture résonnent dans mon habitacle.

Mon esprit est ailleurs et seules mes mains conduisent, habituées à ce trajet quotidiennement parcouru. Il refait en silence la présentation de mon projet au grand patron et à mon chef. Je serai accompagnée par 5 membres de mon équipe, membres en qui j’ai toute confiance.

Cette réunion sera aussi l’objet pour moi d’observer attentivement mes collaborateurs et mon supérieur afin d’essayer de démasquer éventuellement l’un d’eux à l’origine de ce harcèlement.

Une place se libère devant mon entreprise. Une telle chance est de bons augures et me permet de récupérer le temps qui me manquait.

D’un geste, je m’extirpe de mon refuge de quelques minutes. Je m’apprête à affronter la fraîcheur automnale et les questions techniques qui vont m’être posées.

Ordinateur et sac à main en bandoulière, mes talons frappent le trottoir. Les regards masculins se détournent des écrans de portables quelques instants et rencontrent mes yeux pour esquisser un sourire encourageant ou captivant, selon leur propriétaire.

À l’entrée, le gardien me salue et s’enquiert comme à son habitude de ma dernière innovation culinaire, mais je suis bien trop en retard pour développer ma réponse et entretenir un échange soutenu.

L’ascenseur me dépose dans les sphères de mon entreprise, au dernier étage d’où je peux contempler la plus belle vue sur la ville.

Trois minutes ont été dépassées, mais comme mon tortionnaire a aiguisé ma parcelle de femme rebelle ce matin, je m’octroie encore de nouvelles minutes.

Abandonnant ma lourde sacoche à mes pieds, mon regard cherche une proie au pied de l’immeuble, un homme de préférence assez grand, à la belle stature.

Quand mes yeux l’ont trouvé, je le scrute intensément, fait raisonner dans ma tête une voix rauque et masculine prononçant mon prénom. À la manière d’une invitation de sa part, sans qu’il ne le sache, je porte ma main sur mon téton, juste séparé par cette fine étoffe et je le pince très fort puis mon index et mon pouce le font rouler. Un désir intense naît entre mes cuisses et se répercute par vague au petit jouet dans mes fesses.

Je le sens presque vibrer. Haletante, mes doigts s’occupent de l’autre.

Mordant mes lèvres pour endiguer un gémissement de douleur teintée de plaisir, je vois s’ouvrir brusquement la porte noire du bureau et une paire de pupilles furieuses me clouer du regard.

Mon chef, Pierre, une remarque acerbe aux lèvres, reste muet devant l’emplacement de mes doigts. Les sourcils froncés désormais, il m’interroge du regard.

Peu désireuse d’alimenter ce monstre lubrique, je me contente de hausser les épaules et de rentrer en réunion.

Comme à son habitude, le directeur lance la réunion par une série de chiffres, de statistiques étourdissantes.

Cet homme novateur, clairvoyant dans son domaine, n’est pas le meilleur communicant que je connaisse et sa présentation, censée nous poser le contexte de notre projet et présenter les objectifs, devient absconse, voire ennuyeuse.

Je refrène un bâillement discret et allonge mes jambes sous la table ovale pour me mettre à l’aise. Je sais que nous sommes partis pour plus de trois heures de masturbation intellectuelle alors, autant profiter d’une position confortable.

J’envisage même de me déchausser, de libérer mes pieds enfermés dans mes escarpins pour profiter du moelleux de sa moquette.

À mon trémoussement pour les délivrer, une main large et velue se pose sur le haut de ma cuisse. Celle de Pierre. Je n’ose bouger ni le regarder.

Telle une victime pétrifiée par Méduse, j’attends qu’il se lasse et que l’inconfort du geste le gagne. Mais, il n’en est rien.

L’introduction de mon supérieur fait place désormais à la présentation de nos partenaires. Mon heure approche. Je vais bientôt entrer en piste pour leur présenter la partie que mon équipe doit prendre en charge. Mais, cette main lourde, de plus en plus chaude, commence un lent voyage sur ma cuisse.

Je sens sa chaleur qui imbibe ma peau. Presque agréable… mais issue d’un homme qui me répugne. Son pouce débute des cercles langoureux, près de mon string.

La chair de poule hérisse ma peau. N’y tenant plus, je pose ma main sur la sienne, bien décidée à lui faire réintégrer le dessus de la table.

Mais, cette dernière capture la mienne et la tient fermement. Feignant au départ l’ignorance, je n’en puis plus.

Je tire légèrement pour l’extirper de ce carcan. En vain. Je la rends molle, intéressante pour Pierre.

En vain. J’envisage même de lui envoyer un bon coup de pied dans les chevilles quand je la sens bouger et entraîner la mienne vers lui, vers son siège, vers son pantalon. Il dépose ma paume à son entrejambe, sur sa braguette sous laquelle ma peau effleure une forme dure et dressée.

Je darde mon regard sur lui, complètement stupéfaite de sentir son désir si évident… Certainement pour moi… Car je doute que les digressions de mon supérieur lui engendrent un tel effet !

Pour la première fois, je peux sentir d’une certaine manière les conséquences que mon physique fait naître chez un homme, dans un lieu inhabituel, aseptisé, bien loin de tout érotisme.

Je n’ai adopté aucun comportement lascif, aucun battement de cils aguicheurs, aucune caresse… Je sais que je n’ai pas conscience de ma séduction ni sensualité.

Mon meilleur ami homosexuel s’en amuse régulièrement à mes dépens quand des messieurs se détournent vers moi.

Au départ, bien naïve, je pensais à mauvais escient que c’était lui qui cristallisait tous ces regards. Je n’y prête d’ailleurs pas attention, car je préfère davantage séduire par mon esprit, ma culture voire mon sens de l’humour que par mon corps.

Néanmoins, le mesurer ici en est presque déstabilisant… mais excitant finalement.

Même si sa main repose sur la mienne pour qu’elle ne s’échappe pas, c’est moi qui mènerai la danse de son désir.

Je me sens prisonnière mais puissante….

Un récit du Mystère de la Plume

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