L'esclave
Eva Delambre
Présentation
Elle se rêvait esclave d’antan, esclave éternelle, sans droit de parler, les yeux toujours baissés, agenouillée ou prosternée à ses pieds. Elle rêvait de chaînes, de fouet et de contraintes. Plus le temps passait, plus ces fantasmes s’intensifiaient et lui tordaient le ventre d’envie. Elle-même ne s’expliquait pas comment une femme éduquée, libre, sans traumatismes physiques ou psychiques pouvait tant désirer être privé de liberté, au point de ne plus rien vouloir d’autre. Comment justifier l’excitation d’être asservie plus encore qu’un animal domestique, de vivre cloîtrée, sans vie sociale, sans intimité, constamment aux ordres, rabaissée, peut-être même frappée? »
Léna rêvait d’absolu. D’une condition autre, que peu pouvaient comprendre. Elle se voulait esclave. L’Esclave d’un Etre qu’elle ne connaissait pas, un Maître qui rayonnait sur la toile et qui hantait ses jours et ses nuits.
INFORMATIONS
Date de parution : 10 octobre 2014
Nombre de pages : 206
Format : 13×21
Auteurs : Eva DELAMBRE
Prix : 15€
Éditeur : Tabou
Chronique de
Cela fait déjà longtemps que je voulais lire L’esclave. D’une part, parce que j’aime beaucoup le style d’écriture d’Eva DELAMBRE qui sait nous faire entrer dans cet univers, son univers à pas feutrés non sans être parfois direct et étrangement sans choqué. Mais surtout, je voulais comprendre la différence entre « soumise » et « esclave » dans le milieu du BDSM. Souvent cette « limite » est difficile à définir pour les non-initiés.
Attention, ce qui suit peut comporter des spoilers (Spoilers : qui dévoile certains passages du livre)
Je me plonge donc dans l’Esclave. Je retrouve le style d’écriture de Devenir Sienne qui m’avait plu.
D’entrée, on retrouve l’héroïne, Lena, qui suit les récits d’un maître au travers de son blog et déjà, elle s’imagine être sa chose, son esclave. Il est forcément beau, elle est forcément belle et Diane, la soumise, est forcément plantureuse. Il s’agit d’un récit ce qui paraît logique me direz-vous.
Elle fantasme sur lui et ses pratiques et finit par le rencontrer et s’offrir à lui dans une totale abnégation.
C’est là qu’il est difficile, quand on n’est pas dans l’esprit, de comprendre l’abnégation totale. Abandonner son travail, sa maison, ses ami(e)s et sa famille pour finalement s’isoler et n’être plus qu’un « objet » pour son maître. Je crois que c’est la partie la plus incompréhensible pour moi et que je voulais découvrir au travers de ce récit. Et je l’ai compris même si je n’adhère pas à l’idée globale.
Le style d’Eva DELAMBRE nous décrit bien ce fait et je poursuis la lecture à la découverte d’être esclave. J’y découvre aussi la hiérarchie entre soumise et esclave. Les punitions, corvées et autres que subit Lena. C’est bien écrit et décrit. J’avoue cependant une certaine redondance sur les états d’âme de Lena. Les questions sont répétitives et reviennent souvent parfois dans de longues phrases qui, je l’avoue, me faisaient perdre le fil de l’histoire. Certes, l’abnégation amène à ces interrogations et on comprendre que l’héroïne soit déstabilisée et c’est aussi là qu’est tout le « jeu » du maître. La posséder physiquement et mentalement. Mais parfois c’est un peu trop quand même. Les « elle le savait au fond d’elle » « c’était sa condition et elle l’avait acceptée » etc.
Dès le début de l’histoire, on sent que Lena est déjà amoureuse du Maître pour ce qu’il est, et on comprend que dans ce livre , l’héroïne tombe amoureuse totalement de lui et de ses pratiques. Les puristes du BDSM évoqueront que l’amour n’a logiquement pas sa place dans ce type de relation. Relativisons, ici c’est un roman.
Je m’attendais à plus de sexe, soyons francs, durant les aventures de cette esclave, mais l’auteure a choisi de plus mettre l’accent sur les questionnements psychologiques et la condition d’acceptation de l’héroïne.
L’Esclave est un bon roman bien écrit, mais comme beaucoup, je vais dire que j’ai préféré « Devenir Sienne ». L’abnégation étant l’épée de Damocles qui me fait trancher sur cet avis. J’ai encore beaucoup d’incompréhension sur ce fait. Sans doute suis-je trop matérialiste. Il reste un très bon roman pour ceux, qui comme moi, cherche un comprendre la différence entre esclave et soumise dans un milieu autrefois très fermé. Un petit guide en quelques sommes.