Envie latente
Un récit de Lila Tom
On se connaît depuis quelques mois…. Il dit sans arrêt qu’il lui aura fallu attendre 45 ans pour connaître un tel plaisir au lit.
Le plaisir de mes partenaires passant toujours avant le mien, c’est le plus beau compliment qu’un homme ou une femme puisse me faire….
Ce soir, je le sens disposé à la découverte.
Il a confiance en moi, je connais son corps par cœur.
Sur le bout des doigts, sur le bout de ma langue…
Je suis attentive au moindre de ses mouvements, au moindre de ses soupirs, râles, gémissements. Je le connais par cœur!
Et ce soir, il veut découvrir autre chose.
J’avais pris soin d’étudier longuement le sujet, dans l’attente de trouver celui qui franchirait le cap.
Et ce serait sans doute lui, ce soir…. Je suis passée maîtresse dans l’art de coordonner l’exercice de mes mains à celui de ma langue.
Amatrice de massage tantrique et de fellation, je passe son pénis, que je surnomme le Graal, de ma bouche à mes mains, en mouvements de va et vient. Tantôt doux et subtils, tantôt confiants et rythmés…
Je caresse et stimule du bout de mes ongles la région et scrotum, j’entoure le Graal plus ou moins fermement, je le presse avec mes doigts, je tourne avec mes poignets…
J’entrelace, je monte, je descends, je prends son gland dans ma bouche, je fais des mouvements de demi cercle avec ma tête, des mouvements circulaires avec ma langue. Je l’accompagne à la limite de l’explosion. J’adore le voir me regarder avec des yeux de merlan frit supplicateur, et l’entendre me dire :
” non, tu n’as pas le droit….”.
J’adore jouer avec sa bite et avec ses nerfs, jusqu’à ce que la douleur me gagne et m’oblige à stopper le jeu en le faisant jouir dans ma bouche.
Mais ce soir, il a, on a, envie de découvrir autre chose …..
Alors que mes mains exercent leur pression, je décide de les libérer, laissant ainsi glisser son pénis plus profondément dans ma gorge, et j’attrape discrètement le lubrifiant, dissimulé antérieurement sous le matelas.
Je n’aime pas devoir interrompre l’instant pour partir à la recherche des choses.
J’ai toujours lubrifiant, huile parfumée et mouchoirs à portée. Tout est réfléchi pour que le moment reste beau et ininterrompu.
Je libère alors son sexe de l’étreinte chaude et humide de ma bouche fatiguée, et, tout en laissant à ma mâchoire le luxe de reprendre sa place, et accordant un peu de repos à mes articulations temporo-mandibulaires, j’entame un léger massage, de ses chevilles à ses hanches. Je le caresse, j’embrasse tendrement ses cuisses…
Mon corps, humide de plaisir et d’excitation, se fait plaisir en se frottant contre lui.
Je passe mes mains sous ses genoux, et d’une pression il comprit…
À la manière d’une femme qui poserait ses jambes délicates sur vos épaules pour libérer la zone de son plaisir, il fit de même avec moi, me facilitant l’accès à la petite porte du plaisir….
Son premier anulingus s’annonce.
Et l’excitation monte encore un peu plus en moi….
J’ai pu reprendre mon souffle, et ma mâchoire me fait moins mal.
Le frein de ma langue est sensible, mais pas encore suffisamment pour stopper mon élan.
J’embrasse son anus , puis ma langue continue…. Je découvre en direct ses réactions.
C’est tout nouveau pour lui, et je comprends très vite….. Qu’il aime ça! Vraiment! A tel point qu’il bondit pour se mettre à quatre pâtes, telle une chienne consentante!
” Vas y continue, c’est trop bon! ”
Très étrangement, mon envie de faire plaisir se transforme rapidement en une envie de faire mal.
En une envie de le sodomiser avec un gode-ceinture, en une envie de l’entendre crier de douleur, comme pour me venger de son comportement outrageux des dernières semaines .
Mais je n’en ferais rien.
D’une parce que je n’ai pas de gode-ceinture, et de deux…
Parce que je n’ai pas de gode-ceinture.
Cet homme, de quinze ans mon ainé, découvre quelque chose qui visiblement lui plaît fortement. Je me contenterai de ça…. Il est de plus en plus détendu, je le sens à la dilatation…
Le frein de ma langue commence sérieusement à me faire souffrir mais qu’importe.
Il arrive à empoigner mes cheveux et à diriger ma tête comme pour me dire ” n’aies pas peur chérie, vas y! “.
Il est tellement détendu qu’il ne contrôle plus rien! Un gaz s’échappe…Et oui!
Le mec vient de me péter dans la bouche!
Surprise, mais loin d’être dégoutée, je surveille sa réaction…
S’en est il seulement rendu compte? Je sens que je vais exploser de rire mais je me retiens, il ne faudrait surtout pas le mettre mal à l’aise, pas maintenant!
Oui il s’en est rendu compte…
D’une voix haletante, tremblante et essoufflée, il me dit
” je suis désolé, mais je ne sais pas ce qu’il se passe je ne contrôle plus rien… Tu me rends fou…”.
J’ écourte alors son petit discours en lui embrassant une fesse et en lui demandant, d’une voix très douce
“Tout va bien. Tu veux qu’on continue? ”
“Ho oui… Oui… Tu fais ce que tu veux de moi là….”
Alors tout en continuant de l’embrasser, de le lécher, j’ enduisis mon index de lubrifiant et l’ introduisis.
Délicatement, doucement, d’abord du bout du doigt, en va et vient très très lent et doux, essayant d’avancer de plus en plus jusqu’à introduction totale…. Je suis extrêmement attentive à ses réactions, à ses soupirs, râles.
D’un coup je ne veux plus le voir souffrir, et le maître mot “plaisir” retrouve sa dominance. Ma main libre continue de caresser son corps, je me concentre et je me rappelle tout ce que j’ai lu.
Je lui dit très calmement de me faire signe à la moindre gène, à la moindre douleur, puis je ne tarde pas à repérer le fameux, l’ultime point P.
C’est LE moment! Est ce vrai! N’ est ce qu’une légende?
On y va. Le point est là, juste au bout de mon doigt…. De ma main libre je vais entrelacer la sienne, et de l’autre j’exerce ma première pression…
“HO!” lâche t’il.
Je lui demande si tout va bien, et il attrape mon poignet pour me diriger et me faire comprendre que je peux y aller franco! De légères pressions à pressions plus franches, je l’entends
“Ho… Ho putain….”.
Je comprends qu’il prend conscience de l’existence d’une partie de son propre corps. Et qu’il aime ça! Puis vint le
” ho putain arrête stop je vais jouir!”
d’un air paniqué cette fois…
Je retire très doucement mon index, et là il s’écroule, se couche sur le dos, trempé et dégoulinant de sueur.
Je m’aperçois que mon doigt est souillé, mais qu’importe…
Je l’ essuie discrètement, y passe de l’huile parfumée, il s’agit de ne pas le mettre mal à l’aise pour de bon….
“C’est incroyable… Si on m’avait dit un jour que j’allais me prendre un doigt dans le cul et aimer ça… ” me dit il.
“Pourquoi as tu voulu que j’arrête dans ce cas?”
“Parce que je ne voulais pas jouir seul”
Et nous avons sommairement fait l’amour.
Il a jouit !
Pas moi…
Faire l’amour à quelqu’un est à mon sens un art…
Et pour moi, il y a ceux qui aiment contempler l’art, et ceux qui le pratiquent….